Si on parle de confort des chevaux, ce n’est pas seulement par effet de mode. Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de son confort, mais de son bien-être. Outre les obligations légales de lui apporter le confort minimum pour une vie équilibrée, le cheval fait l’objet de toute une série de recommandations européennes. Pour éviter les comportements agonistiques, l’agressivité, les TIC, les problèmes de digestion ou de locomotion, il ne s’agit pas juste de rajouter des friandises dans sa mangeoire et de le brosser plus souvent. Mesurez ici le bien-être de votre cheval, il se peut que vous soyez surpris… Et découvrez les solutions qui changeront les choses en un clin d’œil !

Le réseau Welfare Quality® établit depuis une vingtaine d’années des normes d’évaluation du bien-être animal, et en particulier du cheval. Pour s’assurer qu’un cheval va bien, il faut l’évaluer lui et son environnement. En respectant, déjà, ces cinq règles de base, vous êtes sur la bonne voie : un bon confort, ni faim ni soif, une bonne santé, un comportement normal selon son espèce, pas de stress. Ensuite, posez-vous ces questions :

- Est-ce qu’il s’alimente correctement ?

- Est-ce qu’il écoute, travaille et apprend facilement ?

- A-t’il une blessure ?

- Se comporte-t-il normalement envers l’homme et ses congénères ?

Présente-t-il par exemple l’un de ces troubles : tic à l’appui (appuie ses incisives sur un support), serpentine (langue qui pend d’un côté ou de l’autre), grincement de dents, il lèche ou mâche des objets de façon compulsive ?

Ces facteurs sont révélateurs d’un malaise, qui peut en général se résoudre de façon simple, en adoptant l’une ou plusieurs de ces solutions.

(Pour aller plus loin dans l’évaluation du bien-être de votre cheval, mesurez son état avec le protocole Awin)

1. Une résidence partagée

Le cheval est un animal social. Il a besoin du contact régulier de ses congénères. Dans un système d’hébergement en box, privilégiez les boxes frontaux, où les pensionnaires se voient entre eux. 

Ils doivent pouvoir s’entendre, se sentir, et communiquer de multiples façons pour se sentir à l’aise au sein d’un groupe.

L’isolement est une source de stress chez le cheval qui, lorsqu’il partage une vie de troupeau, est beaucoup mieux disposé à travailler, apprendre et se comporter avec les hommes et ses camarades.

Mieux encore, un dortoir commun comme dans le cas des écuries actives facilite les échanges quotidiens et établit une hiérarchie naturelle dans le groupe qui équilibre les rapports entre les membres du troupeau. 

Il permet une circulation libre entre les individus et le développement de la personnalité de chaque cheval ou poney.

2. Un sevrage et un débourrage sans isolement

Le chemin de la domestication passe par ces deux étapes qui peuvent être particulièrement violentes pour un cheval et générer des troubles comportementaux durables.

L’importance du contact est, redisons-le, capitale.

Aussi, un poulain s’épanouit-il mieux si son sevrage se fait au contact d’un ou plusieurs autres individus, adultes ou adolescents, qui lui apprendront ainsi un comportement social équilibré. À l’inverse, isolé dans un box fermé, il risque plus facilement de développer un stress chronique par la suite.

L’étape du débourrage pose des conditions similaires.

Un jeune cheval apprend mieux s’il retrouve ses camarades après une séance de travail quotidienne. En revanche, il vivra mal un isolement forcé, attaché pendant de longues périodes dans un endroit clos pour lui enseigner la patience, par exemple, ou l’habituer à un rythme humain distinct.

Ce type de dressage comporte le risque de créer chez lui une frustration chronique et un rejet du contact humain qui peut s’avérer compliqué à gérer.   

3. Quartiers libres !

Son lieu de résidence principale doit répondre à des normes, un box doit lui permettre de s’allonger correctement, pour atteindre le sommeil paradoxal et se reposer convenablement. 

Mais un espace un peu plus ouvert et libre est encore plus intéressant. 
Le box paddock, par exemple, permet au cheval de sortir se dégourdir les membres, se secouer voire se rouler quand il en a besoin et, éventuellement, de communiquer avec un camarade qui partage le paddock. Cela se rapproche de son état naturel en liberté et crée donc un confort évident.

Assurez-vous que le sol du paddock est en bon état et permet une libre circulation des chevaux. S’il est couvert de boue, ils n’y sortiront pas ou resteront aussi immobiles qu’au box. Sans cet exercice quotidien, il aura des raideurs dans les membres et montrera des impatiences au moment de le sortir du box.

Le pré est une étape clé de la vie sociale équine. Pouvoir aller et venir librement, galoper, se coucher, interagir et se nourrir selon ses besoins naturels constitue une étape clé de l’équilibre du cheval. Il permet aussi de constituer le groupe, ce qui est plus que nécessaire dans la vie d’une écurie. Des chevaux qui ne se sont pas intégrés librement au groupe seront forcément tenus à l’écart et sujets au stress.

4. Santé des pieds

Un aménagement confortable pour le box compte pour beaucoup dans la santé du cheval ou du poney.

Un matelas confortable et une bonne litière changent son quotidien comme celui des équipes en charge.

Par ailleurs, puisqu’un cheval en écurie va se mouvoir tout au long de la journée, il est préférable d’éviter les surfaces bétonnées, qui perturbent les articulations et deviennent très glissantes sous la pluie.

Les sols en graviers sont aussi peu recommandables car les chevaux risquent d’amener des cailloux jusque dans leur box ou les promener dans le manège, la carrière, s’en coincer sous le sabot et souffrir au travail…

L’idéal, pour une écurie qui respecte le pied et les articulations du cheval, c’est un système de dalles de stabilisation qui absorbe les chocs et évacue les eaux de pluie. Pas de boue, moins de risques pour les équidés et un gain de temps à l’entretien.

5. Travailler, mais pas trop !

Le cheval vit dans l’instant, il ne se projette pas. C’est donc à l’homme d’adapter son rythme de travail quotidien à ce que pourra supporter la monture, qui ne s’économisera pas au manège en pensant qu’elle doit recommencer plus tard dans la journée...

Et, bien sûr, adapter le poids du cavalier à son cheval. Un cheval qui renâcle et n’avance pas souffre parfois simplement du dos.

Pour un travail qui satisfait le cavalier comme sa monture, il faut créer entente et confiance entre les deux partenaires.

Le regard est souvent négligé, mais il compte pour beaucoup dans le contact avec l’animal, qui réagit à ces signaux autant qu’à la voix ou à l’odeur. La communication est essentielle et un cheval qui ne comprend pas la demande de son cavalier risque de stresser, générant des tensions (sur le mors, coups d’éperons et de cravache, chambrière nécessaires…) qui ne favorisent pas son apprentissage.  

Un bon contact se crée aussi par les soins quotidiens : le panser, curer ses sabots,… Autant de moments qui créent un lien rassurant pour lui comme pour le cavalier ou le soignant.

6. Une alimentation libérée

Erreur anthropomorphique classique, on fait manger un cheval trois fois par jour quand, à l’état sauvage, il passe jusqu’à 15h par jour à se nourrir. Son estomac est programmé pour digérer en continu de petites quantités. Avec ses trois repas quotidiens, sa flore intestinale souffre, il est ballonné au travail et souvent sujet aux douleurs d’estomac, voire aux coliques.

D’autre part, dans sa prairie, un cheval va naturellement varier son alimentation. Or, les granulés qu’il reçoit en domestication sont souvent trop riches pour lui, et manquent de variété. Il doit pouvoir alterner entre graines et fourrage, qui lui fournit par ailleurs un bon exercice de mastication. Certains chevaux développent un comportement de mastication du bois (la porte du box ou les barrières du pré), voire de coprophagie, par manque de fourrage.

La bonne solution, c’est un système d’automatisation des repas fixé sur chaque individu : chaque cheval reçoit sa ration calibrée selon sa taille, son poids, son âge, à chaque fois qu’il se présente devant la mangeoire. Son accès au fourrage dépend aussi de ses envies, et se régule automatiquement pour lui permettre un nombre de visites limitées dans la journée. Ainsi, sa digestion fonctionne pour toutes les activités ou stimuli de l’écurie.  

N’oubliez pas l’accès à l’abreuvoir, qui doit être facilité.