L'idée peut sembler paradoxale : laissez votre cheval en liberté, il vous écoutera encore mieux. C’est pourtant le principe même sur lequel repose le concept d'écurie active (voir aussi cet article sur le concept de l'écurie active). Si le cheval vit dans des conditions les plus proches de sa vie en pleine nature, entre vie en groupe, mouvement et alimentation en continu… il en deviendra plus réceptif que jamais au contact humain.
Oui, renoncez aux box pour chevaux, faites rimer les deux mots : "cheval liberté" et vous vous sentirez bien mieux obéi !

D'ailleurs, pourquoi parle-t-on d’écurie active, au juste ? Le qualificatif sert justement à souligner un principe essentiel qui rompt avec notre organisation habituelle : ce sont nos chevaux qui sont actifs, pas nous. Or, nous avons des rythmes de vie quotidiens, eux et nous, très différents !

La journée d'un cheval à l'état sauvage

À l’état sauvage, la journée d’un cheval s'organise autour de quelques préoccupations :

  • la participation active à la vie du troupeau, ses interactions, ses jeux et ses règles de groupe,
  • la déambulation libre, sur un terrain qu’il choisit instinctivement en préservant ses sabots,
  • une alimentation en continu (un cheval passe en moyenne 10 à 15 heures par jour à manger de petites quantités),
  • s’abriter pour dormir, au sein du troupeau ou en petit groupe.

Dans nos systèmes de pensions équines classiques (écurie de propriétaires, élevages, centres d'entraînement,...), nous avons tendance à imposer aux individus un mode de vie calqué sur le mode de vie humain. Le box individuel pour cheval évoquerait presque nos cellules de pensionnat.
Ou bien, quand il s'agit de box chevaux démontable, nos terrains de camping.

Le troupeau est généralement éclaté, chaque cheval ou poney dans son propre box, inactif en dehors des heures de cours d’équitation, de dressage ou de promenade, et avec en moyenne deux à trois repas par jour selon les horaires définis par l’homme.

Le concept d’écurie active, fondé sur les enseignements de l’éthologie équine, remet le cheval au centre du dispositif en lui offrant de quoi retrouver son mode de vie grégaire. Ce n’est pas pour autant que vous allez perdre le contrôle du troupeau ! 
Toutefois, en organisant des zones de liberté bien marquées au sein de votre structure, vous laissez à chaque cheval la possibilité de créer sa propre dynamique au sein du troupeau et de son espace de vie.

Actif dans son alimentation

Puisque se nourrir constitue une des activités principales des chevaux (70% de leur temps), ils doivent pouvoir retrouver cette liberté de s’alimenter selon leur rythme digestif naturel. Aussi, les zones d’alimentation pour un cheval en liberté sont-elles les zones les plus « actives » des écuries (voir le détail du concept Ecurie active, ici).

L’espace des mangeoires est automatisé, chaque distributeur équipé d’un système de reconnaissance qui identifie l’individu qui vient se présenter. Les portions sont calibrées par vos soins et en fonction de chaque animal. Vous pouvez éclater les zones de distribution sur toute l’écurie et recréer un parcours d’alimentation mobile où chacun vient se servir en fonction de ses besoins.

Pour l'affouragement, des distributeurs individuels ou collectifs placés à divers endroits pour encourager le mouvement des chevaux vers l’un ou l’autre. Vous régulez tout simplement l’accès par une porte automatisée également.

 

Actif au sein du troupeau

Le cheval est un animal social. Même si son comportement s’est adapté à la domestication, il a toujours besoin d’interactions avec ses semblables. Au sein du groupe, les jeunes chevaux se cherchent, jouent et se provoquent, par exemple. Une jument ou un mâle dominant ont des comportements très différents, qui participent à l’équilibre du troupeau. En écurie classique, ces rapports se façonnent généralement dans les paddocks ou au pré, mais se perdent ensuite au quotidien.

Pour que le groupe établisse et maintienne ses relations, il a besoin d’espace : les individus doivent être libres de choisir de se fréquenter ou de s’éloigner significativement. Comme la communication entre équidés est très sensorielle, ils doivent pouvoir se voir, se sentir et se toucher, ce qui est plutôt difficile en étant placés dans des boxes individuels.

L’écurie active crée au contraire des points de contact social qui favorisent l’équilibre au sein du groupe. Les zones d’alimentation en sont une, comme les zones de couchage mais aussi d’éventuelles zones de jeu ou zones de roulades qui forment des espaces ludiques où s’établissent les rapports du troupeau.

 

Cependant, n’imaginez pas qu’en les laissant ainsi libres, vos chevaux vont retourner à l'état sauvage. Au contraire. Comme lorsque vous les laissez à la prairie, cette liberté comportementale leur permet de se défouler. Et de venir tranquillement vers vous lorsque vous les appelez, sans brusquerie ni stress.

Activité sportive

Que vous ayez un club hippique qui propose des cours ou une pension pour chevaux en retraite, l’écurie active leur permet de doser eux-mêmes la quantité d’exercice physique dont ils ont besoin chaque jour.

Les zones de déambulation leur permettent de se déplacer, d’aller au trot voire de s’autoriser un petit galop au gré de leurs envies et besoins. Pour assurer la santé de leurs pieds, il est important de stabiliser les sols de l’écurie et d’éviter ainsi les conséquences néfastes liées aux sols humides et inadaptés (gale de boue, abcès, etc.), liées à des sols humides et à l’effet de poinçonnement.

Zone de repos

Dans la nature, les chevaux dorment aussi en groupe. C’est pourquoi les écuries actives prévoient une ou plusieurs zones de couchage collectives, assez spacieuse (10-12 m² par animal) pour que tous les membres du troupeau puissent y dormir ensemble. Et pour que ceux qui préfèrent s’isoler puissent le faire également.

Le sol stabilisé est équipé d’un matelas spécifique pour le confort des équidés et complété par de la litière absorbante.  

Actifs dans leur bien-être

Vous pouvez aussi ajouter des enrichissements sur le parcours de déambulation des chevaux, pour qu’ils subviennent eux-mêmes à certains de leurs besoins. Comme des brosses ou des grattoirs suspendus auxquels ils peuvent venir se frotter à l’envi par exemple.

Cela n’enlève rien au plaisir que prendra le cheval à recevoir des attentions du soigneur ou de son cavalier, au contraire. Débarrassé de cette envie pressante, il est plus disponible pour se laisser examiner ou bichonner par la suite.

 

Activités équestres

En libérant leur comportement, vous permettez à vos chevaux de répondre à leurs instincts tout au long de la journée. Ce qui réduit voire élimine les risques de troubles du comportement, de stress et même d’accidents qui y sont souvent liés. Ce qui en fait également de bien meilleurs partenaires pour des activités de club que vous voudriez organiser.

Vous pouvez donc garder votre manège, carrière, sellerie, rond de longe et espace de soins (douche, pansage), et maintenir ou créer des cours d’équitation dont la qualité sera forcément améliorée, grâce à un comportement rendu plus positif et attentif des chevaux. Autrement dit : plus conforme à sa nature profonde.