Les chevaux en groupe ont un comportement social que nous connaissons bien : l'un est dominant, l'autre est dominé. On le remarque déjà dans le manège, quand ils sortent en randonnée, en carrière ou au paddock : le troupeau fait ressortir les tempéraments de nos chevaux. 
Ils se roulent ensemble ou jouent au plus fort selon leur propre hiérarchie. Aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, il se trouve qu’en les laissant aller librement, comme en écurie active, vous pouvez pacifier leurs schémas comportementaux. 

Pas de violence entre dominants et dominés, c’est vous qui gardez le contrôle !

Comment fonctionne un groupe

Les rapports de dominés-dominants sont fréquents voire inévitables au sein d’un groupe d’individus. Dès lors, votre rôle est d’éviter qu’un dominant ou son groupe n’exclue un subordonné trop souvent, ou l’empêche d’accéder aux espaces dont il a besoin. Pour cela, il existe des solutions très simples, même dans une écurie ouverte où les chevaux vont librement. 

La condition principale reste que le groupe ne change pas souvent et ne subisse pas d’arrivées ou de départs précipités d’individus qui ne pourront pas s’habituer vite à sa dynamique. 

D’abord, il est important de comprendre comment fonctionne le groupe, s’il est déjà constitué. En l’observant notamment au paddock et dans les moments de réunion, car c’est là que vous comprenez leurs schémas comportementaux.   

Les chevaux vont par exemple aller boire en même temps, avec une hiérarchie bien notable dans l’accès à l’eau. Idem pour la pause repas (plusieurs fois par jour). Les affinités se repèrent vite : deux chevaux qui restent souvent côte à côte sans forcément se toucher, se grattent ou chassent mutuellement leurs mouches, échangent parfois un câlin voire se défendent entre eux des individus qu’ils n’aiment pas. Les rapports de dominance, lorsqu’ils sont bien installés, n’appellent pas nécessairement de violence mais des signes précis : encolure tendue en avant, oreilles couchées, mouvements brusques et francs, menaces de ruades ou de morsures… Quand, en face, le subordonné a tendance à reculer, céder sa place et se soumettre à ses congénères.

 

Les mangeoires automatiques : l’égalité dans les repas

Manger peut occuper 65% du temps d’un cheval, c’est donc l’un de vos enjeux essentiels.

Comme dans leur milieu naturel, les chevaux en troupeau ont tendance à reproduire le schéma classique : le dominant mange avant les autres. 

La mangeoire, est pour eux l’un des lieux centraux des écuries, et c’est là que se joue un grand nombre de leurs interactions sociales.

L’avantage d’une station automatisée est que le cheval ne peut pas s’attarder trop longtemps et bloquer l’accès en espérant continuer à recevoir son aliment. 

Sa ration étant calibrée pour chaque distribution, il ne risque pas de consommer celles des autres et, avec un système de baguette ou de signal sonore, la machine le pousse vers la sortie.

Vous pouvez également organiser les repas avec des systèmes de portes de sortie sélectives pour gérer la présence d’individus au même endroit.

 

Pour le fourrage, et si vous connaissez bien votre troupeau et que certains individus ont les mêmes besoins nutritionnels dans la journée, vous pouvez leur offrir de s’alimenter en groupe avec un système de cornadis à glissière automatisée, par exemple, qui s’ouvrira pour donner accès au foin à certains horaires définis au préalable.

Enfin, si vous optez pour un râtelier, pensez à le placer à un endroit où il soit accessible de tous les côtés. Ou bien, si vous l'accolez à une clôture ou une barrière (pour faciliter l'approvisionnement depuis l'extérieur) prenez soin de ne pas former d'angles droits entre le râtelier et la clôture. Cela évite qu'un ou plusieurs dominants ne rejettent les individus isolés.

Les dortoirs : garder le contrôle sur le sommeil

En écurie active, le troupeau peut dormir ensemble. On oublie les boxes séparés qui peuvent générer un stress lié à l’isolation. Il faut cependant s’assurer que tout le monde ait droit à son couchage.

Les dortoirs doivent offrir à chaque cheval entre 10 et 12 m² d’espace pour son confort. Prévoyez une ouverture sur tout un côté ou plusieurs ouvertures pour éviter les conflits à la porte, ou qu’un dominant ne bloque le passage à un autre animal.

Évitez aussi d’ajouter trop de murets et de recoins à l’intérieur, où les subordonnés pourraient se retrouver acculés. Un cheval bien reposé, c’est un cheval qui ne stresse pas. Il faut donc que les temps de repos soient sereins pour touts

Enfin, pensez aussi aux paddocks communs, si vous envisagez – ou utilisez déjà – des boxes individuels. Ils sont une excellente façon de prévenir l’isolement des individus, à condition de respecter les affinités de vos bêtes.  

Le box d’intégration : stabiliser le groupe

Pour que le troupeau soit serein et sans violence, il faut qu’il reste stable, dans sa vie domestique comme à l’état sauvage. C’est-à-dire qu’il ne voie pas arriver et partir de nouveaux équidés trop fréquemment, qui bouleverseraient son équilibre.

Si vous devez intégrer de nouveaux poulains, juments, pouliches, chevaux âgés ou jeunes recrues, l’idéal est de leur permettre de s’habituer les uns aux autres, pour une intégration progressive au sein du troupeau.

En se confrontant directement au groupe, le nouveau-venu risquerait d’affronter des comportements agressifs d’autres chevaux défendant leur place de meneur, de dominant, ou simplement leurs compagnon préféré.